Comprendre le deuil périnatal : que dire pour apporter du soutien ?

Le deuil périnatal est une épreuve à la fois intime et bouleversante, qui survient lorsqu’un bébé meurt au cours de la grossesse, lors de l’accouchement ou peu après la naissance. Cette perte touche profondément les parents endeuillés, mais aussi toute la famille et les proches, qui se retrouvent souvent démunis face à une telle situation.

Comment trouver les mots justes ? Que dire pour offrir un soutien réel, sans blesser ni minimiser la douleur des parents ? Et à l’inverse, quelles sont les phrases à éviter, celles qui, même dites avec de bonnes intentions, peuvent accentuer la peine et l’isolement ?

Cet article propose des informations claires, des exemples concrets et des ressources pour aider l’entourage à mieux accompagner une mère, un père ou une famille confrontée à la mort d’un enfant.

doulas.

Importance de choisir les bons mots

Les parents endeuillés traversent une période extrêmement fragile. Chaque phrase reçue peut résonner profondément, soit comme un baume apaisant, soit comme une blessure supplémentaire. Le choix des mots est donc essentiel.

Conséquences des phrases maladroites

Dire « tu es jeune, tu auras d’autres enfants » ou « c’est mieux que ça arrive maintenant que plus tard » peut sembler réconfortant à celui ou celle qui parle, mais ces phrases minimisent l’expérience vécue. Elles effacent le bébé décédé et laissent entendre que la perte est remplaçable.

De telles paroles peuvent provoquer un sentiment d’incompréhension et accentuer la solitude des parents. Elles risquent de couper le lien entre la personne endeuillée et son entourage, qui, au lieu d’apporter du soutien, ajoute une douleur supplémentaire.

Impact positif d’un soutien approprié

À l’inverse, des mots simples mais sincères peuvent apporter énormément de confort. Dire « je suis là », « je pense à vous », ou « je ne sais pas quoi dire, mais je partage votre peine » témoigne d’une présence authentique.

Le soutien ne réside pas seulement dans ce qu’on dit, mais aussi dans la manière de le dire : avec douceur, sans jugement, et en reconnaissant l’importance du bébé disparu dans la vie des parents.

deuil perinatal mamange

Phrases réconfortantes à privilégier

Le besoin principal des parents endeuillés est de sentir que leur enfant compte, que leur perte est reconnue et que leur douleur est entendue. Voici quelques exemples de messages qui peuvent réconforter selon la situation

Exemples de mots doux et apaisants

Quel message envoyer à quelqu’un qui a fait une fausse couche ?

  • « Je suis désolé·e pour ta perte. Ton bébé comptait déjà beaucoup. »

  • « Je pense fort à toi pendant ce moment difficile. »

  • « Tu as le droit de pleurer, d’être en colère, de ressentir toutes tes émotions. »

La fausse couche, même lorsqu’elle survient tôt dans la grossesse (parfois à quelques semaines seulement), n’enlève rien à la réalité du chagrin et du désir de l’enfant.

Comment réconforter une personne qui a perdu son bébé ?

    • « Je me souviendrai de ton bébé avec toi. »
    • « Tu peux m’en parler quand tu veux, je suis là pour écouter. »

    • « Tu n’as pas à traverser cette épreuve seule. »


Reconnaître le bébé décédé comme un membre à part entière de la famille aide les parents à se sentir validés dans leur deuil.

Quel message envoyer à une personne qui a perdu un enfant ?

    • « Il n’y a pas de mots pour une telle perte, mais je t’accompagne de tout cœur. »
    • « Ton enfant sera toujours présent dans vos souvenirs et dans votre vie. »
    • « Tu as le droit de vivre ton deuil à ton rythme, sans pression. »


Dans ces cas, il est souvent préférable d’admettre son impuissance plutôt que de chercher des formules toutes faites.

Comment réconforter une personne qui a fait une fausse couche ?

  • Bien que cette question recoupe la première, elle illustre la difficulté de l’entourage : souvent, les proches ne savent pas si la fausse couche mérite des condoléances. La réponse est oui :

    « Je suis sincèrement attristé·e pour toi. »

  • « Ton bébé fait partie de ton histoire, même si sa vie a été courte. »

    Dans le cas où nous ne savons pas comment faire pour être présent, nous pouvons encore poser des questions et demander directement aux parents endeuillés ce dont ils ont besoin et envie : en parler, se changer les idées, faire vivre leur bébé dans les récits, fêter l’anniversaire ou une date importante, …

Présence et écoute active

Au-delà des mots, le plus grand cadeau est la présence. Rester silencieux, mais offrir une oreille attentive, préparer un repas, aider dans les tâches quotidiennes, prendre soin de la fratrie : ce sont des gestes qui traduisent un véritable soutien. Le silence est souvent sous estimé. Mais écouter l’autre en gardant le silence permet aux parents de pouvoir avoir tout l’espace dont ils ont besoin pour se déposer.

L’écoute active consiste à accueillir ce que la personne exprime, sans chercher à corriger, minimiser ou donner des conseils non sollicités.

Ressources supplémentaires pour accompagner le deuil

Orienter les parents endeuillés vers des ressources peut aussi être précieux. Au Québec, plusieurs services spécialisés existent : groupes de soutien, cérémonie commémorative, soutien psychologique, associations de soutien, professionnels en santé mentale formés au deuil périnatal.

soutien deuil perinatal que dire

Ce qu’il vaut mieux éviter de dire

Phrases et attitudes à proscrire

Certaines phrases, même dites avec de bonnes intentions, aggravent la douleur :

  • « Tu es jeune, tu auras d’autres enfants. »

  • « Au moins, ça s’est passé tôt. »

  • « C’est la nature, il devait y avoir une raison. »

  • « Il faut tourner la page. »

Ces propos réduisent l’importance de la perte et invalident le deuil. En plus d’être violentes, ces phrases peuvent pousser les parents à devoir se protéger et se renfermer sur eux.

Comment corriger un faux pas

Si vous réalisez que vos mots ont blessé, il n’est jamais trop tard pour corriger. On peut dire :

  • « Je suis désolé·e pour ce que j’ai dit, ce n’était pas approprié. »

  • « Je comprends que mes mots aient pu ajouter à ta douleur, ce n’était pas mon intention. »

Reconnaître son erreur et présenter des excuses sincères peut restaurer la confiance et montrer que l’on tient vraiment à la personne endeuillée.

Conclusion

Accompagner une famille dans le cadre d’un deuil périnatal, que ce soit après une fausse couche, un décès en cours de grossesse, ou la perte d’un bébé à la naissance, demande de la délicatesse, de la patience et une grande humanité.

Les parents n’ont pas besoin de solutions toutes faites : ils ont besoin que leur douleur soit reconnue, que leur bébé soit nommé, que leur histoire soit honorée. Les proches peuvent jouer un rôle essentiel en offrant des mots simples, une présence réelle, et en respectant le temps nécessaire au processus de deuil.

En choisissant les phrases réconfortantes, en évitant les maladresses, et en proposant des ressources adaptées, l’entourage peut contribuer à alléger un chagrin immense et accompagner les parents endeuillés sur le chemin, long et personnel, de la guérison.

Le soutien n’efface pas la peine, mais il aide à traverser les jours les plus sombres, pas à pas, jusqu’à ce que de nouveaux espaces de douceur et de vie puissent se rouvrir.