Fausse couche vrai deuil ?

Chaque année, des milliers de femmes vivent une fausse couche. Pourtant, cette réalité reste largement tue, invisibilisée, parfois minimisée. Beaucoup entendent : « ce n’était que le début », « tu es jeune, tu en auras d’autres », « ce n’est pas si grave ». Mais pour celles qui le traversent, la douleur est bien réelle. Elle bouscule le corps, le cœur, l’avenir imaginé. Ce que beaucoup de femmes n’osent pas dire, c’est qu’une fausse couche est un deuil. Un vrai. Et ce deuil mérite d’être reconnu, compris et soutenu..

Est ce que les fausses couche sont un vrai deuil ?

Qu’est ce qu’un deuil ?

Le deuil, c’est le processus émotionnel, physique et psychique par lequel on traverse une perte. Il ne suit pas un schéma linéaire ni une série d’étapes prédéfinies. C’est un mouvement vivant, souvent chaotique, qui peut surprendre, revenir par vagues, se faire discret un jour et envahir l’espace le lendemain. C’est un chemin profondément personnel, intime, unique à chaque femme, à chaque vécu. Il peut inclure du choc, un sentiment d’irréalité, de la tristesse profonde, de la colère face à l’injustice, de la culpabilité, du vide. Mais il peut aussi, avec le temps, ouvrir des espaces de douceur, de sens, de reconnaissance, voire d’amour envers soi, envers ce qui a été vécu.

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    Qu’est ce qui se passe lors d’une fausse couche ?

    Une fausse couche peut survenir de manière très différente d’une femme à l’autre : parfois très tôt dans la grossesse, parfois plus tard. Elle peut être spontanée, accompagnée de saignements soudains, ou nécessiter une intervention médicale. Quelle que soit sa forme, elle marque une rupture brutale. Le corps vit alors un bouleversement profond à la fois hormonal, physique.

    Mais ce qui reste encore plus invisible et pourtant tout aussi réel : le bouleversement émotionnel à long terme. Ce n’est pas seulement un événement médical, c’est un événement existentiel. Il y avait un début de vie, un espoir, une projection, un lien déjà tissé avec ce bébé. Et tout cela s’interrompt sans prévenir.

    Certaines personne vivent cette perte comme un véritable traumatisme. Il peut y avoir du sang, une douleur intense, la peur, l’impuissance, la sidération. Puis viennent le vide, le silence et la solitude. Et malgré cela, l’expérience est souvent banalisée par l’entourage ou même par les professionnelles de santé. .

    Dans le cas d’un arrêt de grossesse, le deuil est pluriel. Il ne s’agit pas seulement de la perte d’un bébé, mais aussi de celle d’un futur imaginé, d’un projet de vie, d’un rôle de mère déjà commencé à habiter. C’est le deuil d’un lien, souvent invisible aux yeux des autres, mais bien réel pour celle qui portait cette vie. C’est aussi, parfois, la perte de l’innocence, de la confiance en son corps, en la continuité de la vie. Pour les personnes enceintes, cette épreuve peut ébranler profondément son rapport à elle-même : son corps qui n’a pas « tenu », son identité de mère mise en suspens, son lien au monde, à son entourage.

    Ce qui rend ce deuil si difficile, c’est qu’il est souvent ignoré. Inexprimé. Invisibilisé. Il n’est pas reconnu socialement comme un vrai deuil.

    C’est précisément parce qu’il y avait un lien, un engagement, un amour naissant qu’une fausse couche est un deuil.

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    L’importance du soutien et de l’accompagnement

    Le rôle de l’entourage et des profesionnelles de santé

    Lorsqu’une femme vit un arrêt de grossesse, l’attitude de son entourage a un impact profond sur elle durant cette épreuve. Bien souvent, les proches sont démunis : ils ne savent pas quoi dire, ont peur de raviver la douleur ou cherchent à « positiver » pour rassurer. Pourtant, il ne s’agit pas de trouver les bons mots ou de chercher à consoler à tout prix. Ce qui compte, avant tout, c’est la présence. Être là, vraiment., sans jugement, sans injonction à “passer à autre chose”, sans minimiser ce qui est vécu. Dire simplement “je suis là si tu veux parler, et si tu ne veux pas, je suis là également”, “je pense à toi”, ou “je ne sais pas quoi dire, mais je suis avec toi”, c’est déjà offrir un espace de sécurité.

    Reconnaître la douleur, c’est déjà la soulager un peu. Respecter le temps dont la personne a besoin, c’est accepter que chaque femme avance à son rythme, que le chagrin n’a pas d’agenda, que certaines dates peuvent raviver intensément l’émotion. Le silence de l’entourage, même s’il part d’une bonne intention, peut parfois être violent.

    Du côté des professionnelles de santé ou de l’accompagnement, leur rôle est tout aussi crucial. Une écoute attentive, sans précipitation, peut profondément apaiser. Prendre le temps d’accueillir l’émotion, valider ce qui est ressenti, expliquer les différentes options médicales ou naturelles, répondre aux questions sans tabou; tout cela permet à la femme de redevenir actrice dans un moment où elle peut se sentir complètement dépossédée.

    Même quelques mots, s’ils sont dits avec humanité, peuvent marquer durablement. Se sentir écoutée, crue, reconnue dans ce vécu, c’est un premier pas vers l’apaisement. Et c’est un cadeau immense que peuvent offrir les proches, les soignantes, les thérapeutes et les accompagnantes.

    Groupes de soutiens et ressources disponibles

    Face à une fausse couche, beaucoup de femmes se sentent seules, sans repères, parfois même sans mots pour décrire ce qu’elles vivent. Pourtant, il existe aujourd’hui de plus en plus de ressources pour accompagner ce type de deuil, même si leur accès reste encore inégal selon les régions, les moyens ou la visibilité des services.

    Parmi les ressources les plus aidantes, on retrouve :

    ✺ Les cercle de partage

    En ligne ou en présentiel, ces espaces permettent d’échanger avec d’autres femmes ou personnes ayant vécu une perte similaire. Entendre d’autres récits, déposer le sien, se sentir comprise sans devoir tout expliquer, peut avoir un effet profondément réparateur.

    → Je propose régulièrement des cercles de partage.

    ✺ Des approches thérapeutiques complémentaires

    Certaines femmes trouvent du soulagement à travers la psychothérapie traditionnelle mais parfois celle ci a ses limites. Des accompagnements qui prennent en compte le corps, le cœur et l’esprit peut être bénéfique.

    → Tu trouveras un accompagnement somatique qui mêle accompagnement par la parole et régulation du système nerveux

    ✺ Des ressources accessibles à tout moment

    Livres, podcasts, articles, témoignages… Ces supports permettent de mieux comprendre ce que l’on traverse, de s’informer, de se sentir moins seule, et parfois de mettre des mots là où il n’y en avait pas.

    → J’ai créé plusieurs ressources gratuites et partagées, dont un livret pour comprendre les véritables étapes du deuil périnatal, disponible sur mon site, et un podcast destiné à briser les tabous autour du deuil, du corps et des naissances difficiles.

    ✺ Rituels et cérémonies symboliques

    Les rituels, qu’ils soient simples ou plus élaborés, peuvent offrir un cadre pour marquer la perte, rendre hommage, donner une place à ce bébé et à ce vécu. Cela peut passer par une bougie, une lettre, une cérémonie, un objet symbolique…

    → Je propose un accompagnement lors des cérémonies aux enfants non nés, à vivre seule, en couple ou en petit cercle, pour honorer la mémoire et traverser ce passage en conscience.

    ✺ L’accompagnement par une doula spécialisée

    Parce qu’il y a un après à la fausse couche, être accompagnée par une doula formée au deuil périnatal, c’est pouvoir traverser cette nouvelle grossesse avec une présence continue, douce et engagée. La doula n’a pas de réponses toutes faites, mais elle offre de l’écoute, du soutien, des repères, de l’information sourcée, des outils concrets.

    → Dans mon accompagnement individuel, je propose un soutien sur mesure, pour cette grossesse d’après, du test de grossesse au postpartum.

    Il n’y a pas une seule bonne façon de faire face à une fausse couche. Mais il y a des chemins, des mains tendues, des ressources. Et il est possible de ne pas rester seule. Si tu traverses cette épreuve, ou si tu souhaites en parler, je suis là pour t’écouter et t’accompagner.

    Conclusion

    Reconnaître que la fausse couche est un vrai deuil, c’est déjà faire un pas vers l’apaisement et la sérénité. Il ne s’agit pas d’oublier, mais de pouvoir se reconstruire, à son rythme, avec soutien et douceur. Si tu es une femme qui vit ou a vécu une fausse couche, sache que tu n’es pas seule. Et que ton deuil est légitime.