Pourquoi je fais ce travail ?

TW : agression sexuelle, deuil, problème de santé mentale.

Lorsque je regarde en arrière, je me dis que c’était une évidence, pour la vie, que j’allais être accompagnante en deuil et en traumatismes un jour. Pourtant, pendant tout le processus, je ne savais pas vraiment où j’allais.
Aujourd’hui, après plus de douze ans à cheminer, je comprends enfin que d’où je viens m’a amenée à être où je suis.

Ce que je pourrais vous dire (mais qui n’est pas l’essentiel)

Je pourrais vous parler de mes formations, de mes outils, des approches que j’ai choisies (ou qui m’ont choisie). Je pourrais énumérer les techniques, les références, les influences.
Mais ce serait passer à côté de l’essentiel.

    Une vocation née de l’expérience

    Ce que je fais aujourd’hui, accompagner des femmes dans l’après, dans les creux, dans les silences, dans le corps qui se souvient, c’est d’abord né d’une expérience vécue, d’un chemin profondément intime, de blessures que j’ai moi-même traversées.
    Je ne suis pas arrivée là par hasard.

    Blessée par mon enfance, par la non-reconnaissance, par le fait d’être niée dans ce que je ressens, dans ce que je vis, et même jusqu’à la personne que je suis, j’ai fini par me mettre en danger dans les bras d’un jeune homme qui ne connaissait pas les bases du consentement.
    Dans cette expérience d’agression, j’ai rejoué malgré moi ce que j’avais toujours connu : être niée, instrumentalisée par l’homme qui partage ma vie.

    S’en est suivi des mois de crises d’angoisse, au grand jour, lors de mes matchs de handball où je poussais consciemment mon corps au-delà de ses limites, ou en silence, le soir, dans ma chambre.
    À 16 ans, j’ai entamé ma première thérapie, que j’ai pratiquement payée seule. Prendre soin de ma santé mentale était devenu un besoin vital.
    Faire une thérapie ou mourir.
    Voilà ce que pensait la jeune femme que j’étais en train de devenir.

    Cette identité m’a collé à la peau pendant de nombreuses années : celle de la femme brisée, cassée, qui doit se battre pour survivre.
    À 17 ans, alors que je pensais sortir du tunnel, le diagnostic d’une maladie génétique m’a à nouveau plongée dans un monde médicalisé.
    Un monde où le consentement n’était qu’une option, où les choses n’étaient ni expliquées ni accompagnées, parce que je ne risquais pas de mourir.
    J’ai fait à nouveau l’expérience d’être un objet : un corps à soigner d’un côté, un être intérieur ignoré de l’autre.

      therapeute traumatisme et deuil

      Le silence et la quête de sens

      Je connais trop bien les silences.
      Les moments suspendus où plus rien n’a de sens.
      Les instants où mon corps n’était plus un lieu sûr, où les mots me manquaient, où le monde extérieur continuait de tourner alors que tout en moi s’était figé.
      Des deuils. Des pertes qu’on ne peut pas toujours nommer, mais qui laissent une trace, une empreinte.

      Je sais ce que c’est que d’avoir besoin d’être entendue sans être réparée.
      D’avoir besoin qu’on tienne l’espace sans chercher à remplir.
      Alors j’ai cherché. J’ai exploré. J’ai appris. J’ai rencontré des approches qui parlaient à mon cœur, à ma chair, à mon histoire.

      L’aide relationnelle, à travers différentes approches, m’a permis de comprendre à quel point la qualité de présence est un soin en soi.
      J’ai découvert des approches plus corporelles qui me permettent encore aujourd’hui de reprendre contact avec mon corps, d’apprendre à l’écouter, à le nourrir, à le respecter.

      Ce dont je suis profondément convaincue, c’est que rien n’est plus juste que de marcher son chemin en étant accompagnée.
      Que ce soit une psychologue, une coach, une thérapeute, une accompagnante, une amie, une chamane, mon partenaire : mon chemin est plus doux avec ces personnes à mes côtés.

      Et petit à petit, j’ai compris que ce que j’avais vécu n’était pas une anomalie, mais une initiation.
      J’ai compris que ce que j’avais traversé me permettait de tenir la main des autres sans m’effondrer, sans projeter, sans fuir.

      accompagnement deuil périnatal et traumatisme de naissance

      Mon travail, une présence

      Aujourd’hui, j’accompagne des femmes qui ont connu des passages vulnérables et ébranlants : deuil périnatal, traumatisme de naissance, difficultés à être dans leur corps, dans leur voix, dans leur histoire.
      Je ne suis pas là pour dire quoi faire.
      Je suis là pour écouter autrement, pour permettre de ressentir, pour offrir un espace où l’on peut respirer de nouveau dans ce qui fait mal.
      Je crois profondément qu’il est possible de retrouver de la sécurité, de la puissance, et même de la beauté dans les endroits les plus vulnérables.
      Et je crois que nous n’avons pas besoin d’être seules pour ça.

      Pourquoi je fais ce travail

      Parce que j’ai été là.
      Parce que je sais ce que c’est de chercher une lumière dans l’obscurité la plus totale.
      Parce que je crois en la beauté de chaque parcours, même dans ses plis les plus sombres.
      Parce que je crois que prendre soin est politique.
      Parce que le silence peut être une violence, et que l’écoute peut être un acte de résistance.
      Parce que le corps porte des histoires qu’on ne peut pas toujours dire, mais qu’on peut accompagner.
      Parce que la vulnérabilité n’est pas une faiblesse, c’est un lieu sacré.
      Parce que je veux offrir ce que certaines ont pu m’offrir : une présence vraie, sans jugement, sans masque.
      Parce que chaque femme mérite d’être crue, respectée, soutenue.
      Parce qu’on n’efface rien, mais qu’on peut toujours tisser du sens, de la tendresse, de la force.
      Parce que je sais que la douceur peut transformer.
      Parce que, même quand tout semble s’éteindre, quelque chose veille encore.

      Conclusion

      Je suis accompagnante en deuil périnatal et en traumatisme de naissance et je fais ce travail par conviction profonde, pas par choix mental.
      Je fais ce travail parce qu’il m’a choisi, par vocation.

      Pour mieux me connaitre, tu peux aussi aller voir la page A propos de mon site ou retrouver mon partage sur mon enfance sur YouTube.